Toujours dans la série besoin de dire pourquoi elle crée un blog
, voici un article que j'ai écrit en décembre 2005 suite à ma rencontre avec Hugh MacLoed (célèbre blogger) lors de la conférence Blogs 2.0 organisée par Loic Lemeur:
Il faudrait pouvoir penser l'évidence: les incidences de nos nouveaux outils de communication sur nos... relations humlaines.
Je pensais connaître Hugh en le lisant chaque jour. ma rencontre réelle m'a prouvé le contraire. Expérience intéressante. Son physique, sa voix, son odeur, sa façon de s'habiller, tout ça compte dans la rencontre. Il nous faut reprendre depuis le début...
HUGH MACLOED
Je lis Hugh Macloed tous les jours, jeveux dire: je lis son blog - Gapingvoid-tous les jours. Et tous les jours, Hugh illumine ma journée de son humour, de sa générosité et de son trait de crayon de génie. Son sujet? Lui-même, comme dans n'importe quel blog, et lui-même comme vecteur de business pour deux autres blogs : Stormhoek -vin sud-africain- et English Cut -le blog de Thomas Mahon, tailleur anglais.
Une histoire de séduction?
D'abord séduite par ses illustrations, son fond de commerce initial (des dessins plaqués sur des cartes de visite, un humour caustique à trimballer sur vos tee-shirts également, bref, un petit business qui l'a fait connaître et reconnaître), c'est surtout son oeuvre How to be Creative, un texte revigorant sur la création, qui m'a rendue "accro" au bonhomme.
Puis vinrent les belles surprises, tous les jours de bons mots, tous les jours de belles conversations avec ses "visiteurs", tous les jours du partage jusqu'à ce jour où il demande même à son copain réalisateur de cinéma de mettre son script sur blog et de faire appel aux commentaires des lecteurs. J'étais très enthousiaste et touchée par la proximité qui m'était ainsi donnée avec "la création" d'un autre...Wouah, j'en étais même flattée, avec le sentiment du privilège de côtoyer cet homme, un homme qui me donnait ainsi accès aux "plus grands."
L'occasion de me rapprocher de lui !
J'ai un souvenir précis du jour où Hugh a fait appel à nos commentaires et conseils pour la réalisation d'un nouveau label pour Stormhoek: Il en appelait à NOTRE créativité et promettait 1000 E pour la meilleure idée! C'était mon jour, à mon tour de lui montrer, et l'occasion enfin de faire entendre ma voix auprès d'une audience qui devait bien me ressembler aussi...
Bref, je me suis appliquée, j'ai réfléchi, tourné les idées dans ma tête et lorsque j'ai senti que je tenais une idée originale, je l'ai "postée." La poste va drôlement vite (haha) au royaume d'internet, mon commentaire est apparu en direct, Hugh avait donc reçu le message ainsi que ses milliers de visiteurs/jour. La réponse par contre s'est faite attendre, longtemps, trop longtemps.
Première déception....
Puis j'ai été déçue, parce que Hugh n'a retenu aucune des idées élaborées, il a voulu se concentrer sur la conversation qu'il avait alors eue avec les vignerons et qui nous était restée secrète...
Tout à coup, j'avais le sentiment de sortir de son monde! Ma consolation fut de réaliser que les autres, enfin certains, avaient le même sentiment que moi. Pourquoi Hugh manquait-il à ce point d'attention (pour nous)?
Mais en quoi Hugh nous devait-il cette attention?
La raison l'emporta finalement pour me ramener vers mes premiers sentiments, les fondamentaux: comme en amour, je décidai que l'essentiel (les premiers instants?) comptait plus pour moi que cette bévue.
J'oubliai donc, jusqu'à ce jour où je rencontrai mon héros en chair et en os.
C'était bien évidemment lors de la conférence Blogs 2.0, puisque le bonhomme est de toutes les conférences, invité à intervenir car il a une "voix qui compte" dan sla blogosphère.
J'avais vu sa photo; il l'avait un jour mise à disposition afin de se présenter le plus complètement possible à la belle qui serait à la recherche d'un beau comme lui, puis il l'avait laissée là alors même qu'il avouait dans se sposts journaliers être amoureux d'un fille du village.
Ce jour-là, quand je le vois, je le reconnais immédiatement!
L'homme est corpulent, transpirant, les yeux bleux exorbités, vraiment stressé et ça se voit aux gouttes de sueur qui lui trempent le front jusqu'aux sourcils, empêtré dans une grosse laine polaire, le tout sur un jean usé...Pas de quoi tomber en pâmoison, c'est sûr! Mais l encore, et comme en amour, j'oublie ce que je vois pour me concentrer sur ce que je connais: son âme!
Un choc de réalité?
Alors, lorsque je l'interpelle, j'y vais cash: "Euh, hugh, salut, je suis Estelle, je te lis tous les jours, tu m'as beaucoup inspirée, merci et bravo!" Il est content, dit merci, regarde mon badge mais ne semble reconnaître personne. Puis il s'en va. Normal.
Je le retrouve plus tard, à la pause cigarette...ah oui, dans ce monde là, on s'est remis à fumer, je tenais à vous le dire!
Il est sympa Hugh mais déjà il recule lorsque je m'approche, bon, je me suis approchée trop rapidement, je recule à mon tour, puis il vient me chercher (un grand classique!); là, on peut commencer à discuter, mais de quoi? Tout ce que je connais de cet homme c'est ce qu'il écrit chaque jour, et c'est beaucoup, pensai-je alors. Nous nous parlons donc de ce que nous connaissons le mieux tous les deux: de LUI, de SON BLOG, de SA vie!
Le sujet semble l'intéresser, je poursuis donc et deviens indiscrète sans en avoir conscience: "qu'est devenu ton projet de nouveau label? et avec cette fille de Cumbria ça marche? et ton copain réalisateur, il est satisfait de l'expérience?"
Bref, je rentre dans le vif du sujet: sa vie en ligne. Le bougre est impressionné par ma lecture assidue de chacun de ses posts. C'est que je suis une accro moi monsieur!
Question d'image!
Bon, tout ça est bien joli, mais je ressens de plus en plus le décalage entre ce que je connaissais de cet homme et le personnage en chair et en os qui se trouve devant. Les perles de sueur sur son front, son tabagisme, son bégaiement, son gros pull, ses yeux qui roulent, toutes ces petites informations perturbent l'image que je me suis faite de l'homme!
A ce moment là, j'ai le choix, je peux continuer à ne voir que Gapingvoid ou bien je peux avoir envie de rencontrer Monsieur Hugh Macloed, étant entendu maintenant que les deux n'ont pas grand chose à voir, si ce n'est ce bout de caractère visible de tous qui traîne sur son blog. Le bonhomme dans son entier est bien plus complexe comme nous tous et je devine déjà ce qui m'empêchera de tomber amoureuse de lui (ah bon, on en était déjà là?): toutes ces petites informations, imperceptibles sur le net, me poussent à me détourner de l'homme.
>Intuition virtuelle, intuition réelle?
Mon intuition d'humaine (qui fonctionne donc avec mes yeux, mes oreilles, mon nez, ma peau...) me dit que l'homme est "compliqué." Pourtant je ne m'arrête pas là, car décidément le souvenir des moments heureux est tenace et je cherche à vérifier l'exactitude de ma nouvelle intuition.
Alors, on ira prendre un verre ensemble, on marchera dans les rues, on parlera encore, on se dira "à demain", le lendemain on se cherchera un peu, enfin surtout lui. Et puis je serai honnête en lui répétant ce que je viens de vous dire. Il sera de plus en plus intrigué: "Ah c'est intéressant, et en quoi mon image réelle est-elle différente de celle que tu connais sur le net?"
Fatiguée de revenir inlassablement (pour lui...) sur le sujet préféré de sa majesté, on finira par se séparer sans promesse de se revoir ni de se contacter. C'est que je crois bien avoir vexé l'homme en lui disant que j'avais un autre rendez-vous et donc pas possible de passer la dernière soirée ensemble...
Zappée!
A ce moment-là, et comme sur le net, et comme dans la vie, et comme avec la zapette de la télé, le monsieur s'est retourné vers un autre (une page lue?) qui lui proposait justement une autre soirée...Il s'est alors détourné de moi comme s'il venait d'appuyer sur "enter" pour aller voir ailleurs!
Bon, le tout prenait un goût de raté et me rappelait déjà d'autres loupés du même ordre...Finalement, il n'y avait là rien de bien différent avec la "vraie vie"?
Grâce à la magie du net, on rencontre une multitude de gens, la rencontre est facile, la relation y et simplifiée, basée sur les "données" de l'autre, elle n'est pas superficielle et donne l'illusion du vrai. Sur le net, les difficultés sont codifiées, aplanies, voire balayées dès qu'elles apparaissent, juste histoire qu'on n'ait pas trop d'effort à faire pour se rencontrer vraiment. Avec le net, c'est maintenant ou jamais, toi aujourd'hui ou un autre demain, "puisque c'est comme ça, je vais voir ailleurs" à la vitesse de l'éclair!
A la prochaine...
Et vous voulez savoir ce que je pense de tout ça? bah ça me donne envie d'aller rejoindre mon Grec sur son île, de lui faire plein d'enfants, et de construire une maison de mes mains, et de me mettre à la cuisine!
La vérité, en réalité, c'est que ça me donne envie de mieux vous connaître, Monsieur Hugh Macloed, et tant pis si on souffre, parce que vous savez quoi? c'est normal de souffrir!
La question est de savoir si nous saurons encore souffrir sur le net, demain...
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